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le croquant le blog de jean-noël
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27 août 2007

ENTRETIEN DE SEGOLENE ROYAL AVEC LE JOURNAL SUD OUEST

Recueilli par Patrick Guilloton et Jean-Pierre Deroudille Mme Royal, après vos vacances, comment allez-vous ? Je vais très bien ! (Rires.) Je suis heureuse de me retrouver, après cette longue coupure, au contact des militants, des sympathisants, de tous ceux qui me demandaient au cours de l'été : « Qu'est-ce qu'on fait à la rentrée ? » J'assume une responsabilité. Le traumatisme de 2002 avec le départ de Lionel Jospin est resté dans les esprits, et les gens se demandaient si j'allais faire la même chose. Je leur dis que non, et qu'en même temps je ne suis pas pressée. C'est une rentrée en douceur, pas une rentrée tonitruante. Après l'aventure exceptionnelle d'une campagne, les épreuves, les chocs, les joies immenses, et les peines aussi, je suis aujourd'hui une femme différente, fidèle à mes intuitions, ma liberté de pensée et de parole. Mais plus lucide, sereine, déterminée, forte de ce que j'ai vécu et partagé. Cette campagne vous a-t-elle changée ? Je ne sais pas si c'est le terme exact. Il y a à la fois une renforcement de ma nature profonde et une dimension nouvelle qui me donnent envie de vivre à un rythme maîtrisé. Nous sommes inscrits maintenant dans un temps long. Le Parti socialiste reste à rénover, des idées neuves doivent germer, et je ne veux plus perdre la moindre seconde dans les affrontements stériles ou les violences verbales. J'ai un besoin profond d'apaisement et de maîtrise de mon temps. Vous allez publier un livre sur cette campagne ? Oui ! Il paraîtra fin octobre. C'est un bilan mais aussi une volonté de ne pas oublier la leçon. Quand l'avez-vous écrit ? J'ai pris beaucoup de notes pendant la campagne. J'ai beaucoup réfléchi cet été, même si je me suis beaucoup occupée de mes enfants. Maintenant, je vais m'y consacrer. C'est indispensable parce qu'il y a encore beaucoup de questions, et ce que je veux, c'est que la leçon ne soit pas perdue, que ce moment démocratique intense laisse son empreinte. Une chose demeure dans les esprits, c'est que sur le smic à 1 500 euros et les 35 heures, vous n'y croyiez pas ? Je n'ai jamais dit cela. C'est une exigence de vérité. La politique ne peut plus se faire avec des slogans trop simplistes parce qu'alors ils ne sont pas totalement crédibles. J'ai dû bâtir un projet présidentiel très rapidement. Je participais à un combat collectif. Je me suis rendu compte au cours de la campagne que les propositions du projet socialiste sur le smic et les 35 heures rencontraient beaucoup d'avis dubitatifs. Comme j'étais très en écoute, j'ai bien vu que cette proposition du smic à 1 500 euros avait beaucoup moins d'impact que celle de mon adversaire sur l'exonération des heures supplémentaires, car nous n'avions pas défini comment la mettre en oeuvre. Je suis peut-être trop sincère, mais on ne l'est jamais assez. Il est nécessaire de faire le bilan de ce qui a été compris par les Français. C'est pourquoi le programme du Parti socialiste devra être élaboré avec eux. Le PS a aussi du mal, aujourd'hui, à se situer dans l'opposition... Les gens ont soif de voir leurs problèmes résolus. Nous devons peser pour que les problèmes soient réglés, et pas seulement pour critiquer systématiquement. Vous fixez-vous des échéances ? On verra. Cela dépendra de ce qui va se passer dans les semaines et les mois qui viennent, comment nous pourrons fédérer et rassembler les intelligences. Il n'en manque pas à gauche et au PS, puisque même la droite y a fait appel ! Comment jugez-vous le premier bilan de Nicolas Sarkozy ? Si on ne veut pas entrer dans la caricature, je dois lui reconnaître sa capacité de mouvement. Certains la jugeront excessive. C'est son style. L'important, c'est d'avoir un style, et ce n'est pas négatif. Nous avons quelqu'un qui démontre, au moins dans la forme, sa volonté que ça marche. Mais paradoxalement, le principal risque, c'est celui de l'immobilisme. On voit bien que les réformes les plus douloureuses qui permettraient de remettre le pays sur le chemin de la croissance n'ont pas été faites. Au lieu d'évaluer la situation, on a droit à une nouvelle agitation. Le paquet fiscal a avantagé la rente plutôt que les entreprises dynamiques. En matière politique, les municipales seront-elles l'occasion de conclure des alliances nouvelles ? J'ai tendu la main à François Bayrou entre les deux tours de la présidentielle parce que les Français veulent qu'on sorte de l'affrontement bloc contre bloc. Je pense qu'en effet la question se pose d'une vaste coalition de la gauche, des altermondialistes et du Modem, sur des projets municipaux. Mais pas de façon désordonnée. Sur la responsabilité et la morale politiques, la dépense publique, il y a plein de questions sur lesquelles on peut se retrouver avec les centristes, mais en évitant que ce soient des alliances à la carte, qui risqueraient d'émietter le Parti socialiste, ce qui serait regrettable. Avec le Modem, qui a refusé toute proposition, les choses peuvent évoluer. Votre présence à l'université du PS ? Je ferai l'ouverture avec les cinq nouveaux députés de la région, parce que notre score a été exceptionnel ici, ce qui est aussi une forme de reconnaissance de la politique régionale. Je choisirai donc des thèmes d'action régionale qui ont un écho national, comme, par exemple, la décision de justice qui m'a donné raison contre le préfet sur les « contrats nouvelle embauche » et notre politique d'évaluation des OGM. L'Elysée a fait savoir que Mme Sarkozy ne témoignerait pas devant la commission d'enquête sur la Libye... Ce qui anormal, c'est que des annonces élyséennes soient faites avant même que la commission se soit réunie. C'est une atteinte dans la séparation des pouvoirs. Le président, qui est si actif et si disponible, comment peut-il refuser de s'y rendre ? Il doit être cohérent et ne pas changer de principes en fonction des ses intérêts. C'est la commissaion parlementaire qui doit dire si l'audition de Mme Sarkozy est nécessaire ou pas

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